Communiqué par le syndicat Santé, Services sociaux et éducatifs l’OGBL le 4 décembre 2019
Il faut rendre les professions de santé plus attractives et systématiser la «médecine salariée»
Le ministère de la Santé a commandé fin 2018 une étude auprès de Madame Marie-Lise Lair afin de mieux appréhender les besoins en personnel médical et de santé, tout en dressant un état des lieux du secteur de la santé au Luxembourg.
Depuis la présentation de cette étude, l’Association des Médecins et des Médecins Dentistes (AMMD) ne rate pas une occasion pour avancer que la pérennité de notre système de santé semble être menacée, mais à les croire, uniquement en raison du manque d’attractivité de la profession de médecin au Luxembourg.
S’il est vrai qu’une des conclusions que tire cette étude confirme le fait que la demande de soins au Luxembourg risque de devenir difficile à honorer dans le futur, les médecins semblent toutefois oublier qu’ils ne sont pas les seuls à l’assurer. En effet, des milliers de soignants s’engagent quotidiennement sur le terrain pour prester des soins de qualité aux patients et ils le font de plus en plus souvent en sous-effectif.
La question de la pénurie actuelle et future, évoquée par l’étude, concerne donc aussi bien les médecins que les autres professions de santé. Cependant, l’expérience démontre que le seul moyen de rendre ces professions plus attractives passe par une amélioration nette des conditions de travail auxquelles elles sont soumises. La catastrophe qui est annoncée serait déjà devenue réalité depuis bien longtemps si l’OGBL n’avait pas lutté sans relâche au cours des dernières décennies pour améliorer les conditions de salaire et de travail des professionnels du secteur de la santé.
Dans ce contexte, l’OGBL met aujourd’hui en garde contre toute externalisation des prestations de santé et de soins publiques et non marchandes vers le secteur privé. Si le plus grand syndicat du pays partage l’idée de l’AMMD consistant à créer des structures au niveau local afin de garantir la meilleure prise en charge possible, l’OGBL insiste toutefois pour que celles-ci restent impérativement sous la responsabilité des hôpitaux afin d’éviter une détérioration des conditions de travail des salariés et de préserver ainsi un système de santé publique efficace qui seul peut garantir des prestations de qualité à l’ensemble de la population.
Le syndicat Santé, Services sociaux et éducatifs de l’OGBL approuve dans ce contexte également la recommandation résultant de l’étude menée par Madame Marie-Lise Lair visant à fixer des dotations minimales de salariés qualifiés pour chaque structure du secteur de la santé.
Notons enfin que pour étayer son propos, le président de l’AMMD n’hésite pas à présenter des arguments absurdes et totalement infondés en présentant les médecins au Luxembourg à un niveau de salaire inférieur à celui des infirmiers, alors que toutes les statistiques, ainsi que l’étude commandée par le ministère de la Santé, démontrent clairement le contraire.
L’OGBL réitère à cette occasion aussi sa revendication visant à encourager de façon ciblée le recrutement de médecins dans le cadre de la «médecine salariée». Ceci clarifierait non seulement la question des rémunérations, mais éviterait également que de plus en plus de jeunes médecins quittent le Luxembourg pour lui préférer des pays qui ont justement introduit ce modèle de façon plus systématique. Après tout, le salariat des médecins constitue une sécurité pour les jeunes médecins, comme l’indique l’auteure de l’étude elle-même.
Pour l’OGBL, il est impératif que la prise en charge des patients s’appuie sur un concept cohérent et il serait fallacieux de laisser croire que la pénurie de médecins au Luxembourg pourra être combattue en dégradant les conditions de travail des autres professions de santé qui sont tout aussi menacées. Une telle logique mettrait clairement en danger l’efficacité de notre système de santé publique et la qualité des soins qu’il garantit à l’ensemble de la population.
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